
Atmosphère
Coralie Bailly

L'atmosphère se réchauffe de plus en plus. Je le sens. Et j'ai seulement quelques secondes pour décider si tout doit s'arrêter. Ou si l'on continue innocemment sur cette voie qui risque de me coûter cher. Il faut avoir passé maintes fois cette étape pour être sûr de ne pas faillir au moment voulu, au moment où il faut laissez aller ses lèvres en espérant faire les bons mouvements avec. Je crois que ça va être mon tour. J'essuie furtivement la sueur qui suinte maintenant sur mes paumes. Et mon front. Je ne veux pas qu'elle voie ma fébrilité. Je sais qu'à l'instant où elle va se retourner, ce sera à moi d'agir,
à moi de prendre les choses en main. Si je veux parvenir à ce que je souhaite, faillir n'est pas envisageable. Je sais d'avance quel mot elle va prononcer, sur quel ton même. Enjoué et interrogateur, comme à son habitude. Et je sais d'avance quels mots je veux prononcer, sur quel ton même : sérieux et affirmé, et c'est la première fois que je l'oserais. Je passe une dernière fois ma langue sur mes lèvres. Les laisser aussi sèches seraient une erreur de débutant et je ne veux pas être de ceux-là. Je vais le faire. Je prends mon courage à deux mains. Et de ma voix la plus claire "non ce sera tout merci". Et la boulangère passa à un autre client.