
Corona t'es rien qu'un microbe
Nicolas

Pas envie d'écrire
Pas envie d'écrire sur toi Corona, on entend parler que de toi
mais regarde-toi avec ta couronne de piques là
Ta face d'ARN arachnéenne
Tes protéines chafouines
T'es même pas foutu d'avoir de l'ADN
T'es ridicule avec ta dizaine de gènes
mais ce bourdon
Ce gros Bourdon qui sort d'hibernation
Attention où tu mets tes pieds, tu as failli l'écraser
Cette boule de poils qui a du mal à voler
C'est la reine qui cherche son nid, fais gaffe, abruti !
Ce bourdon donc, qu'est-ce qu'il est mignon
Je voudrais pouvoir le dessiner
Pas besoin de le sublimer, il est parfait
Pouvoir lui dresser une couronne de lauriers, pas de piques acérés
Mieux encore, lui écrire une ode ça serait mérité
Mais ce lilas
Oui, celui qui est juste à côté de la maison
Que je hume parfois mais ne regarde pas
Ses petites feuilles qui s'étirent et grandissent
Alors que se forme sa thyrse
Ces tiges qui se garnissent, son port qui se ferait presque altier
Sans doute pour se venger de son statut d'arbuste moqué
Ce lilas que Manet et Van Gogh ont croqué alors que je l'ignorais
J'aimerais lui composer une chanson où il serait le roi
La rose, les jonquilles et le poinçonneur, on leur fait un bras d'honneur
Lilas, vive toi !
Mais ce ciel d'Azur ou d'encre
Ce ciel peuplé d'étranges animaux vaporeux
cumulozébus, altodiplodocus, stratolycus
Ce ciel à la limpidité et au bleu parfois revenus
Débarrassé de milliards de poussières incongrues
Ce ciel où l'on peut à nouveau épingler nos rêves étoilés
Dans sa sombre beauté
J'adorerais lui dédier un sonnet
Mais ces voisins
Qui n'existaient que via un bonjour poli de Truman Burbank
Que par un signe de tête échangé derrière des vitres de tank
Mais ces amis
Ces amis au fil des ans dispersés aux 4 vents
Hologrammes d'un passé qui ne fait que s'éloigner
Ces voisins et ces amis qui se remettent à exister
Je désirerais leur offrir un bouquet de proses
Ah, te revoilà Corona,
Je voudrais te dire : barre-toi de là, casse-toi, ça suffit comme ça
Mais même si peut être tu m'emporteras
Même si des dégâts, tu en as fait beaucoup, déjà
Même si des malheurs et des pleurs tu en as causé et en causeras
je ne peux pas t'en vouloir d'être là
Je ne peux pas t'en vouloir d'être là
Tu n'es qu'un minuscule microbe, pas une star de cinéma
Bizarrement, avec toi, l'espoir d'un après est à nouveau là
Plus rien ne sera comme avant, l'Humanité, juré craché,
Va se remettre à penser
La terre sera préservée, les animaux seront respectés
Le temps attend, il prend son temps, tout est en suspens